Qu’il s’agisse de ses romans, ou des images qu’il vole au hasard d’un coup de foudre pour un page ou pour la tribu des Parisiennes saisies dans leur vérité, François-Marie Banier exprime avant toute chose un amour passionné de la vie.
André Gide pensait que la création n’était qu’une riposte aux conflits intérieurs de l’artiste, à son mal être, et à son inconfort au cœur d’une société hostile, imperméable à tout ce qui dépasse la norme. Le parcours de François-Marie Banier nous prouve exactement le contraire : son appartenance à la génération libérée des années 60 explique peut-être son appétit de vie, et ce désir de croquer chaque instant à belles dents. Décidé à faire de sa propre vie une œuvre d’art comme le proclamait en son temps Oscar Wilde, ce jeune écrivain s’est également imposé comme le peintre des mœurs contemporaines à travers ses personnages romanesques qu’il raconte avec cette finesse de trait où une cruauté teintée d’humour le dispute à la tendresse.
Il en va de même pour son regard derrière la caméra, qu’il soit question de capter ce qu’il reste de généreux et d’humain dans les visages de la planète « people » parachutée au Festival de Cannes ou ce qu’il y a de tonique dans la découverte des personnages brésiliens…
François-Marie Banier possède l’art singulier d’un transmetteur d’énergie : le lire, l’écouter ou regarder ses photos devient forcément la plus positive des thérapies, à deux pas d’un état de bonheur qui nous gagne peu à peu.
En un mot, voilà un artiste qui nous apprend à débusquer derrière l’émotion esthétique l’essentiel.
François-Marie Banier ou le génie de la vie
par Henry Chapier
Ce texte a été publié dans le carnet n°19 de Maison Européenne de la Photographie, Paris, 1993.